Perspectivia
Lettre1879_04
Date1879-01-23
Lieu de créationFrancfort [sur le Main]
AuteurScholderer, Otto
DestinataireFantin-Latour, Henri
Personnes mentionnéesMenzel, Adolph
Cornelius, Peter von
Thoma, Hans
Beethoven, Ludwig van
Bach, Johann Sebastian
Schumann, Robert
Becker von Worms, Jakob
Dubourg, Victoria
Esch, Mlle
Eiser, Otto
Wagner, Richard
Scholderer, Luise Philippine Conradine
Lieux mentionnésParis, Musée du Louvre
Francfort sur le Main, Städelsches Kunstinstitut
Francfort-sur-le-Main
Œuvres mentionnées

Francfort

23 Janv [18]79

Mon cher Fantin,

Il faut que je vous annonce avec regret que nous ne pouvons pas venir vous voir, c’est bien triste, car seulement l’idée de passer une semaine avec vous nous paraissait comme une belle étoile. Ma femme ne se porte pas très bien et moi aussi je ne me sens pas assez de force pour prolonger notre voyage. J’ai peu travaillé, étais souvent indisposé et suis en retard avec mes copies qui m’ennuient beaucoup. Notre visite sera donc encore une fois remise, j’espère jusqu’au printemps. Il faut que je pense maintenant à mon travail, quoique je n’ai pas d’idée ce que je ferai. Écrivez-moi, ce que vous faites, comment vous vous portez, j’espère que vous et madame soient plus forts que nous.

Nous avons été à Marburg pour deux jours pour voir des parents de ma femme, le voyage en hiver est bien désagréable.

Écrivez-moi si vous voulez avoir le lithogr. de Menzel, je vous l’enverrai d’ici. J’ai vu de très belles photogr. d’après des dessins de Cornelius des Nibelungen, c’est très beau.Cornelius décide de traiter du cycle des Nibelungen peu de temps après son arrivée à Rome à la fin 1811- début 1812. Il achève la page de titre en 1817 et le cycle est gravé par S. Amsler, C. Barth, J.H. Lips et H.W. Ritter et publié par Dietrich Reimer à Berlin, avec une dédicace à Georg Niebuhr, le représentant de Prusse à Rome. Thoma a fait quelques dessins et peintures, qui m’ont beaucoup plu, il commence à être plus soigné qu’autrefois, c’est un grand talent. On ne voit rien de remarquable ici, j’ai fait de la musique à Marburg avec mon neveu qui joue très bien, il nous a joué les dernières sonates de Beethoven, des choses de Bach, de Schuman, j’ai entendu si peu de musique dans le dernier temps que cela m’a fait beaucoup d’effet, j’avais espéré d’en faire beaucoup chez vous !

La collection Staedel a été transportée au nouveau bâtiment, c’est comme le petit Louvre, mais il n’y a pas de tableaux, il y a beaucoup de marbre de toute espèce seulement les antiques sont en plâtre.Pour pallier le manque de place dont souffre le Städelsche Kunstinstitut, l’architecte Oskar Sommer se voit confier en 1874 la construction d’un nouveau bâtiment situé sur une parcelle du Schaumainkai, artère piétonne du quartier de Sachsenhausen sur la rive gauche du Main. Il conçoit deux bâtiments séparés l’un de l’autre par un jardin pour accueillir respectivement la collection et l’école d’art. Le bâtiment est inauguré à grand bruit le 15 novembre 1878 et il abrite aujourd’hui encore l’institut. Scholderer évoque ici la partie réservée à l’école d’art. Notre grand maître, professeur Becker, est bien mal placé, ce qui fera j’en suis certain beaucoup de peine à Madame. Adieu, nous sommes bien tristes de ne pas pouvoir venir, ne voulez-vous pas venir à Putney ? Nous aurons un piano et nous ferons beaucoup de musique, mon atelier est à votre disposition, et nous poserons pour notre portrait. Qu’en dites-vous ? ! N’est-ce pas une idée lumineuse ? Répondez-moi bientôt. Bien des choses de nous deux à vous et Madame et Mlle Esch.

Dr. Eiser me charge de vous saluer de sa part. Il y aura un concert wagnérien ici le 6 février et il m’a promis si je serai à Francfort de faire venir Wagner pour moi. Dr. E. a reçu de Wagner la médaille qu’il a fait faire pour ses amis et admirateurs.

Votre ami

Otto Scholderer