Perspectivia
Lettre1895_02
Date1895-12-29
Lieu de création7. St. Paul's Studios, West Kensington
AuteurScholderer, Otto
DestinataireFantin-Latour, Henri
Personnes mentionnéesScholderer, Luise Philippine Conradine
Dubourg, Victoria
Edwards, Ruth
Scholderer, Viktor
Vélasquez, Diego
Dubourg, Hélène
Dubourg, Charlotte
Lieux mentionnés
Œuvres mentionnées

7. St. Paul’s StudiosScholderer a installé un grand atelier situé dans les St. Paul’s Studios à West Kensington, dans lequel il emménage à la fin de l’année 1895.

West Kensington

29 Déc 1895

Mon cher Fantin,

Je suis encore obligé de finir l’année passée avec des excuses, en vous demandant de vouloir bien me pardonner de ne vous avoir pas écrit depuis si longtemps, et encore plus de ne vous avez point remercié encore de votre dernier envoi de vos belles lithographies. Mais je ne puis croire tout de même que vous pensiez que je suis ingrat ; je les ai admirées comme chaque fois que vous m’en envoyez, et encore plus, et elles montrent une simplicité et liberté plus encore que les avant-dernières. Mais je me sens encore plus coupable et honteux de ne pas avoir remercié Madame pour ses photographies qui m’ont fait et aussi à ma femme grand plaisir. Le coin d’atelier avec vos portraits m’ont rappelé les temps passés, j’espère qu’avec le temps Madame en fasse encore plus, et je voudrais bien avoir vos portraits encore un peu plus distincts, cependant je suis bien reconnaissant d’avoir celles-ci.

La raison principale de ne vous avoir pas donné de nos nouvelles était surtout que je n’avais rien de bon à vous écrire, cette année a été bien dure pour moi et j’ai gagné très peu, ce qui nous a rendu la vie bien pénible. Vous voyez que j’ai encore quitté ma dernière demeure, et il nous semble que c’est une bonne affaire. Mon atelier est mieux encore que le dernier, la maison bien située, beaucoup plus d’air et de lumière, les pièces toutes plus grandes, point de bruit du chemin de fer, qui avait passé tout près de notre chambre à coucher, et beaucoup moins de saleté que la fumée de la locomotive nous avait apportée dans l’ancienne demeure. Depuis que nous vivons ici, j’ai eu une commande pour un portrait, et je suis en train d’en faire un d’un docteur célèbre qui peut-être pourra me faire du bien.

Mes natures mortes, les fruits et les fleurs que j’ai faits ne se vendront pas et on m’en offre des prix méchants, je dois toujours revenir aux portraits qui sont bien durs à faire, le docteur me donne des séances d’une demi-heure, une chaque semaine tout au plus !

Victor nous a fait plaisir. Il travaille bien et est tout littérature, et a fait beaucoup de progrès cette année. Madame Edwards vous aura écrit qu’il s’est distingué en obtenant encore sa « Senior Scholarship », ce qui nous a fait bien plaisir. Il ne fait que lire et ce sont les poètes anglais en ce moment qui l’attirent.

Quant à la santé, ma femme est toujours souffrante, mais je suis reconnaissant que cela ne devient pas pire et elle travaille bien tout de même dans la maison. Moi, je me porte assez bien et nous ne pouvons pas nous plaindre de la santé de Victor, seulement il grandit un peu trop, il est plus grand que moi. Je vous envoie avec cette lettre nos photographies qui sont faits avec ma camera, celle de Victor n’est pas bien, l’expression est un peu bête, je vais faire une autre prochainement, mais je n’ai jamais vu de meilleure que la mienne, ma femme est bien aussi, très ressemblant, son teint cependant est un obstacle, j’ajoute aussi le Velasquez que je vous ai promis, je suis sûr qu’il vous plaira, dites-moi ce que vous en pensez.Scholderer a proposé à Fantin d’examiner une photographie d’un portrait inconnu de Vélasquez (le duc de Medina) qu’un de ses amis possède et qu’il croit authentique. Voir lettre 1894_02.

J’espère que ma lettre vous trouve tous en bonne santé. Tous les trois, nous souhaitons à vous et à Madame une bonne santé pour l’année prochaine ! Victor a exprimé son désir de faire bientôt vos connaissances et a dernièrement demandé à ma femme de lui donner des détails sur vous et Madame, ce qui m’a fait le plus grand plaisir.

Moi aussi j’espère que ce sera bientôt et je ne doute pas que vous lui seriez aussi sympathique qu’à son père. Nous envoyons aussi nos meilleurs souhaits et compliments à Madame Dubourg et Mademoiselle Charlotte, comment vont-elles ? N’oubliez pas de remercier Madame de ma part pour les photographies !

Votre ami

Otto Scholderer