Perspectivia

[s. l. ][Potsdam ]ce 24. de fevr[ier]: 1754[ 1755]

Ma tres chere Soeur.
Je me flatte que votre indisposition n'aura pas été aussi forte que de coutume; toutefois suis-je charmé qu'elle se soit passée. vous avéz veritablement joué de Malheur[,] Ma chere soeur[,] d’etre allé en Provence dans une Année aussi generalement froide que celle ci; j’ai bien crû que malgré Votre Jnconito Ce [Vo ]Voyage Vous Couteroit beaucoup[,] et je prens la liberté de vous avertir d’avanse que Celui d’Jtalie ne vous coutera pas moins; pour vûqu[’]il soit Salutaire a Votre Santé c’est tout ce que je Souhaite, et je me rejouirai toujours de ce qui Vous sera agreable et Vous fera plaissir. je dois cependant Vous avertir que des Gens Mals Jntentionéz ont rependû le bruit dans toute L’Allemagne que Vous et le Margrave etiéz devenûs Catholiques, j’ai d[’]abord fait Contredire ce bruit par tout mes Ministres dans Les Cours Etrangeres, cependant Com[m]e il est esensiel de Le faire tombértoutaffait je vous Suplie de faire quelque Momerie Calviniste, et de la faire Jnserér dans Les Gazetes, surtout si vous alléza Marseille ou il ya un marchant qui a une Eglisse Catholique chézluy[,] ou si vous passéz par quelque vile protestante, les Mal Jntentionéz Se verons parla reduit au Silence. Vous avéz trop de bonté de Vous souvenir de Moy et de sansouci a toute les ocasions[.] la table que vous avéz la bonté de M’envoyértiendera surement une place honnorable dans ma Maison et me sera [f… ]plus presieuse venant de Vous que par sa rareté. Nous avons Celebré aujourd'hui en grande Pompe le jour de naissance de Pölnitz, qui a 65 ans; le vieux baron s'est curé et pavané Comme un jeune paon et ce soir il verra son nom illuminé. | je m’amuse a toute sorte de pauvretéz faute de pouvoir faire mieux, nous n’avons pas un Chat d’Etrangér, et je ne me plains point de ma solitude, j’etudie je lis, et je fais un peu de Musique[.] avec cela si on est raisonable on doit se Contenter d’une vie douce qui est ce qu[’]il ya de plus réel dans le Monde.
J’ai reseu de Dresden L’opera D’Etio, qui me parait d’une Musique fort travallieé, et ou les instrumens font beaucoup de bruit sans que les voix y brillent a proportion.
Vous me Mandéz que Mandrin s’est retiré en suisse, il poura y faire un Trionvirat avec Voltere et Mad[ame]: de benting, si Les procriptions [proscriptions ]y auront lieu ma tete sera perdûe.je me recomande[,] Ma tres chere soeur[,] a Votre presieux souvenir me bornant de faire des voeux pour Votre chere personne jusqu’a l’heureux jour ou je pourai Vous assurér de Vive Voye de la tendresse infinie avec laquele je suis[,]

Ma tres Chere soeur[,]
Votre tres fidele frere et serviteur

Federic