Perspectivia

[s. l. ][Potsdam ]ce 12 d[’]8br[e] 1754

Ma tres chere Soeur. Ce jour heureux m’a procuré deux de Vos Cheres Lettres, je Vous crois apresent en chemein pour monpeillé[.] je me flate que Vous auréz meilleur tems qu[’]il n’en fait ici pour Votre Voyage[,] sans quoi je Crains[,] ma chere soeur[,] pour votre passage de la Suabe[.][ …] mais je vous avoûe franchement que votre fille fera bien de ne pas etre jalouse, cette passion du Duc passée, il en surviendera une autre et puis encore une Autre[.] ainsi il faut quele [qu’elle ]prene Son parti sur une Chose quele [qu’elle ]ne peut pas Changér et qu[’]elle Tache [S… ]seulement de se Conservér l’amitié et la Confiance du Duc. ils se sont Maryéz trop jeunes[;] le Duc a [t ]eté amoureux d’elle plustot en amant jaloux qu’en mari, il a jeté son feu tout d[’]un coup[.] voila[,] Les suites de la jouisance[,] La sosieté [satiété], et meme le degout[.] il cherche Le Changement, et il ya aparance qu[’]il continura [continuera ]de meme, peut[-]e[ê]tre pouratil yavoir quelque momens de retour[,] mais un coeur Volage ne quite point L’habitude de l’Jnconstance. [… ]je fais mile Voeux pour Votre heureux Voyage en Vous assurant[,] ma chere soeur[,] que mon coeur Vous suivra a Monpeillér et meme a Maroc si vous pousiéz jusquela, etant avec la plus haute estime et La plus vive tendresse[,]

Ma tres chere soeur[,]
Votre tres fidele frere et serviteur

Federic