Perspectivia

Mon tres cher Frere

voici La derniere Lettre que j’aurai L’honneur de vous ecrire d’ici. Nous partons aprés demain pour Avignon ou le Marquis des Essars nous a cedé sa Maison. Je quite Lion avec beaucoup de regret. Je m’y etois fait une Societé charmante que je ne retrouverai pas a Avignon. Outre les Peres Bercau et Jouve qui sont tres scavants et avec cella tres aimables et gens du monde, j’ai decouvert encore le fameux Vaucansson avec lequel j’ai fait conoissance ces jours passe. Jl petille de vivacité[,] il a beaucoup de Litterature et paroit fort satirique[,] on ne diroit point qu[’]il passé [Papier- und Textverlust: roit][? ]sa vie avec des ottomattes [automates ]et a en Construire[.] | Jl en est toujours au prises avec les Jesuites, n’etant rien moins que bon Catholique. Ce qui rend la converssation trés vive. J’ai vû les principales Eglise ou il y a de beaux Tableau Jtaliens, de Palm, de Salviati, et de Vanius. Un Vanloe et un planchet m’ont fort frapée. Le premier represante un S[ain]t Sebastien qui selon moi est exelant, le second est le portrait d’un president au parlement qui est peint dans le gout de Renbrand. Ce qui me surprend est qu’on ne connoit point le prix de ses choses ici. Nous avons eu une peine Jnfinie a les deterrer les propriaitaires [propo… ]n’en connoissoit pas les peintre[.] Jl y a dans une de ses Eglises 4 Collones de Granite qui soutenoit un Temple de dié a Auguste[,] elle savoit chaqu’unes 25 p[ieds]: de haut. On les | a coupées pour en faire 4. Le parquet de L’Autel est de Mosaïque qui a étée trouvée dans le meme Temple. Nous avons encore bien des Coursses a f [Papier- und Textverlust: pour nous enqu ]erice qu[’]il y a de curieux ici. Le tems est si doux que je puis me passer de Pelice. On dit qu[’]il y a encore une grande differance entre ce Climat et cellui d’Avignon ou il fait encore été, et ou les feuilles ne sont point encore tombé[.] Quoiqu[’]il n[’]y ait d’ici que 36 milles d’Alemagne nous serons 8 ou 10 jours en chemin. Voulant nous aretera Vienne[,] a Valance et a Nisme ou il y a les plus beau Monuments Antiques. J’ai tant de veneration pour les Anciens Romains que je considere ces choses avec autant de respect qu’on en a ici pour les Reliques. Je crains que mes Longues Relation ne vous ennuyent[,] montres cher Frere. Je tombe dans le deffaut des | vieilles qui aimont a conter ou plustot je me laisse entrainer par le plaisir de vous ecrire[.] Pardonné[,] je vous suplie[,] la Confusion de mes Lettre[,] j’ecris tous les jours un petit [Papier- und Textverlust: … ]pour passer dumoins un quart d[’][heure] agreablement. Je me recomande a votre precieux souvenir et suis avec tout le respect et la Tendresse Jmaginable[,]

Mon tres cher Frere[,]
Votre tres humble et tres obeïssante soeur et servante
Wilhelmine

Lion le 16 de Nov[embre] 1754