Perspectivia
Lettre1884_08
Date1884-07-16
Lieu de créationParis
AuteurFantin-Latour, Henri
DestinataireScholderer, Otto
Personnes mentionnéesEdwards, Ruth
Steinhardt, Karl-Friedrich
Dubourg, Jean-Theodore
Dubourg, Victoria
Scholderer, Viktor
Duranty, Louis
Couture, Thomas
Whistler, James Abbott MacNeill
Dubourg, Hélène
Dubourg, Charlotte
Lieux mentionnésLondres
Paris
Paris, Salon
Œuvres mentionnéesS The Last Chapter/ Letztes Kapitel (le dernier chapitre)

[Paris.]

16 juillet 84

Mon cher Scholderer

Je vous ai envoyé hier par petite vitesse votre tableau du Salon.Scholderer, The Last Chapter / Letztes Kapitel, B.225. J’ai oublié de mettre dans votre caisse trois nouvelles lithographies pour vous. Madame Edwards vous les donnera. Je viens de lui envoyer le tableau dont Steinhardt vous a parlé, Nuit de printemps.Fantin-Latour, Nuit de printemps (ou le rêve du poète), F.1148. C’est peut-être une des meilleures esquisses que j’ai faites.

On ne vend pas plus à Paris qu’à Londres. Ce moment est extraordinaire, trop de tableaux, trop de peinture.

Restez-vous à Londres cet été ? Que faites-vous ? Nous ne sommes pas encore partis. Madame Edwards vous aura raconté sans doute l’accident qui est arrivé à monsieur Dubourg. Il en a encore pour rester au lit plusieurs jours. Nous n’irons à Buré que dans la fin du mois.

Il fait très chaud, orageux. Je ne vois guère bien ma femme non plus, nous avons bien besoin de nous mettre au vert ! …

Comment supportez-vous tous les deux la saison, et Victor, nous voudrions bien le voir en grand garçon qu’il est maintenant. Apprend-il à lire ? A ce propos de lire, C. Blanc est absolument inutile à lire. Ce que Duranty a écrit est éparpillé dans bien des publications, je doute bien qu’on les réunisse.Les écrits sur l’art de Duranty sont parus dans Les Beaux-Arts illustrés, Chronique des arts et de la curiosité, la Gazette des Beaux-Arts ou encore la Revue de France. Je m’informerai où l’on trouve les livres de Couture.Après s’être installé à Senlis en 1861, Couture écrit un texte à l’intention de ses disciples qu’il publie en deux volumes sous les titres Méthode et entretiens d’atelier, Paris, 1867 et Entretiens d’atelier. Paysage, Paris, 1869. Il y consigne des observations personnelles et des remarques autobiographiques. N’étant pas théoricien, il prodigue à ses élèves des conseils pratiques et de méthode et diffuse son image de l’artiste qui comprend le monde mieux que le philosophe.

Whistler est venu ici, mais nous ne nous sommes pas rencontrés. Il a eu beaucoup de succès ici.Whistler expose le portrait de Miss Alexander, Harmony in Grey and Green : Miss Cicely Alexander (YMSM.129) au Salon de Paris de 1884. Ouvrages de peinture, sculpture, architecture, gravure et lithographie des artistes vivants, palais des Champs-Élysées, Paris, 1884 (cat. n° 2454).

Si il n’a pas eu de médaille, c’est que les américains n’en ont pas eu, à cause des tarifs de douane.Un nouveau tarif douanier américain est imposé en 1883. Les importations d’œuvres d’art aux États-Unis passent de 10 à 30 % de droits. Cette mesure, qui touche les artistes français comme Jean-Léon Gérôme, Benjamin Constant, Carolus Duran, Ernest Meissonnier et Alexandre Cabanel qui vendent dans ce pays, est une mesure de représailles contre une réglementation française qui interdisait l’importation de viande de porc américaine. Les commandes aux artistes américains cessent donc et aucun artiste américain n’est médaillé au Salon jusqu’en 1888. Est-ce assez bête !

Présentez mes amitiés à madame de nous deux, embrassez Victor et tout à vous.

H. Fantin

Compliments de la famille Dubourg.

Ma femme me charge de vous dire qu’elle avait au Salon une nature morte qui, elle croit, vous aurait plu/ Choux-fleurs, tomates, poireaux, céleri, choux etc. … bouillotte en cuivreVictoria Dubourg, Nature morte, Salon de 1884, n° 824. etc. …