Perspectivia
Lettre1889_04
Date1889-02-28
Lieu de créationBuré par Le Mesle sur Sarthe, Orne
AuteurScholderer, Otto
DestinataireFantin-Latour, Henri
Personnes mentionnéesEdwards, Ruth
Uhde, Fritz von
Millet
Burne-Jones
Watts, George Frederick
Maris, Jacob
Scholderer, Luise Philippine Conradine
Artz, Constant
Liebermann, Max
Heyerdahl
Janovski, Marie
Lieux mentionnésParis, Exposition Universelle
Œuvres mentionnées

28 juillet 89

Buré par le Mesle sur Sarthe, Orne.

Mon cher Scholderer,

Voilà bien longtemps que je ne vous ai écrit. Bien des choses se sont passées. Comment allez-vous et votre famille ? J’ai eu souvent de vos nouvelles par madame Edwards, vous en avez eu aussi de nous par elle. Êtes-vous content de votre atelier à Londres ?Scholderer quitte Putney fin 1888 pour emménager au 6 Bedford street Kensington à Londres dans une maison avec atelier où il ouvre une école d’art. Êtes-vous à la campagne ? Pensez-vous venir à Paris à l’Exposition ?Du 5 mars au 31 octobre 1889 l’Exposition universelle se tient à Paris. Elle célèbre le centenaire de la Révolution française et a pour fleuron la tour Eiffel, terminée pour l’événement. Une exposition centennale de l’art français et une exposition décennale de l’art contemporain sont présentées au palais des Beaux-Arts. Nous sommes à la campagne comme à l’ordinaire. Nous pensons cette année rentrer un peu plus tôt que d’habitude, dans le milieu de septembre. Ma sœurSa sœur Marie Janovski (1837-1901), partie en Russie en 1866 où elle a épousé un officier russe, n’est pas venue en France depuis 1882. a le projet de venir nous voir à cette époque.

C’est une fureur que notre Exposition. Tout le monde veut y venir, jusque dans le petit village où nous sommes on rêve de la Tour Eiffel ! Il faut avouer qu’il y a dans toute cette Exposition quelque chose d’entraînant et de vraiment réussi ! Moi-même j’en ai été ! J’ai fait partie du jury des récompenses. J’ai retrouvé là Artz !Adolphe Constant Artz résida à Paris de 1866 à 1874. Il accueillait dans son atelier, 31 avenue Montaigne à Paris, de nombreux artistes allemands. Scholderer y résida lors de ses séjours parisiens et Fantin l’y retrouva souvent pour des soirées musicales. qui représentait la Hollande et qui était vice-président. Il s’est très informé de vous et m’a demandé votre adresse. Nous nous sommes rappelé le temps de l’avenue Montaigne et tous ses habitants ! Que c’est loin tout cela !

Il y a dans l’Exposition bien des choses intéressantes. Dans le nord, Danois, Norvégiens, Hollandais etc. … Il y a peu de choses allemandes,Bismarck interdit à l’Allemagne de participer à l’Exposition universelle dont la France profite pour célébrer le centenaire de la Révolution. En dépit des menaces du chancelier, le peintre et graveur allemand Max Liebermann (1847-1935), associé à Gotthardt Kuehl et Karl Köpping, organise une exposition de peinture allemande. Elle compte cependant moins d’œuvres que les sections organisées officiellement par les gouvernements étrangers. Uhde et LiebermanMax Liebermann (1847-1935), peintre et graveur allemand, ami de Fantin et de Maître qui lui acheta des toiles. sont ce qu’il y a de mieux. J’ai beaucoup admiré le Gladstone de MilletFantin écrit Millet mais il s’agit de Millais qui a peint trois portraits de l’homme politique britannique Gladstone. Il évoque ici le portrait de William Ewart Gladstone (1809-1898), 1879, huile sur toile, 125,7 x 91,4 cm, Londres, National Portrait Gallery. que je ne connaissais pas. J’aime beaucoup WattsGeorge Frederick Watts (1817-1904), peintre et sculpteur anglais. et Burne Jones.

Connaissez-vous le Hollandais Maris, il a ici des choses superbes.

Il y a un norvégien HeyerdahlHans Olaf Halvor Heyerdahl(1857-1913), portraitiste et paysagiste suédois de parents norvégiens. qui est un grand artiste !

Il y a toujours de jolies choses des peintres en Belgique. Nous attendons une lettre de vous ici qui nous ferait grand plaisir. Ne soyez pas long comme moi, bien des compliments de notre part à madame. Tout à vous H. Fantin.