Perspectivia
Lettre1877_02
Date1877-02-06
Lieu de création[Paris]
AuteurFantin-Latour, Henri
DestinataireScholderer, Otto
Personnes mentionnéesEdwards, Edwin
Edwards, Ruth
Scholderer, Luise Philippine Conradine
Dubourg, Victoria
Dubourg, Charlotte
Fantin-Latour, Marie
Deschamps, Charles W.
Manet, Edouard
Degas, Edgar
Lieux mentionnésLondres, Royal Academy of Arts
Paris
Dresde, Gemäldegalerie Alte Meister
Dresde
Cassel (Hesse)
Paris, Salon
Bayreuth
Œuvres mentionnéesF La lecture
F La lecture
F La lecture (portrait de Marie Fantin-Latour)
F La liseuse, portrait de Marie Fantin-Latour
F Portrait de Madame Fantin-Latour
S Hof eines Bauernhauses in Kronberg (cours d'une maison paysanne à Kronberg)

[Paris]

[6 février 1877]

Mon cher Scholderer

voilà longtemps que vous ne savez rien de moi. Ces premiers jours de ménage vous réclament leur homme tout entier. Tout à faire et j’ai voulu travailler en même temps. J’étais très entrain de faire des compositions. Vous trouverez chez Edwards des esquisses lithographiques pour vous. Cela m’a fait grand plaisir à faire. Je suis en train de songer au Salon et j’ai commencé d’après ma belle-sœur et son amie qui lui lit à côté d’elle, un tableau en tout semblable à ceux que j’ai faits jusqu’ici.Fantin-Latour, La lecture, F.824. La lecture est un thème cher à Fantin. Il peint successivement sa sœur Marie dans La liseuse, portrait de Marie Fantin-Latour, F.169 et dans La lecture de 1863, F.215, Victoria et Charlotte Dubourg dans La lecture de 1870, F.412. Je voudrais le refaire mieux, cela me paraît le meilleur sujet que toujours le même. On est débarrassé de toute autre préoccupation que de faire mieux. Je veux faire aussi un grand portrait de ma femme, aussi pour le Salon.Fantin-Latour, Portrait de Madame Fantin-Latour, F.825 présenté au Salon de 1877. Je suis disposé à tout et surtout à peindre d’après nature maintenant, après toutes ces esquisses lithographiques, cela fait du bien d’avoir devant soi, ce que l’on se donne tant de peine à chercher quand on n’a plus le modèle. Et vous que faites-vous, je vais chercher votre lettre pour y répondre. Il n’est pas nécessaire, Madame, de répondre à ma femme en français. Cela n’est pas un secret qu’une lettre, vous me croyez jaloux peut-être, cela n’est pas madame.

Elle attend une réponse le plus tôt que vous pouvez.

L’état des affaires ne se remet donc pas ? Je n’ai rien su de la fin de Deschamps,Deschamps est accusé de « nonchalance » dans le milieu artistique. Après avoir perdu la direction de la galerie Durand-Ruel à Londres (fermée fin 1875) il continue ses affaires pour son compte et représente notamment Degas sur le marché anglais. rien, écrivez-moi cela. A Paris, on est pas content de lui. Il paraît que Manet ne pouvait pas ravoir son tableau et d’autres aussi. Ah ! Les désagréments des portraits, c’est atroce. Quand je pense à cela, j’aime mieux faire des natures mortes. Je vois que vous avez bien des choses pour l’Académie et que pouvez-vous faire avec la peinture sur porcelaine ? Je ne serai à Londres que tard en juin. Puis si la tétralogie se rejoue, j’irai à Bayreuth.Le Festival de Bayreuth n’a pas lieu en 1877. Le désastre financier est tel en 1876 que les représentations ne reprennent qu’en 1882 avec la création de Parsifal. Nous avons fait aussi le projet de là, d’aller à Dresde voir la gallery,Gemäldegalerie Alter Meister de Dresde. voir Cassel aussi. Il y aura une solennité bien belle aussi, et bien intéressante cette année à Anvers. C’est le centenaire de Rubens, il y aura dit-on une réunion énorme de Rubens.A l’occasion du troisième centenaire de la naissance de Rubens, Anvers présente une grande exposition Rubens ; elle est accompagnée de la publication de deux ouvrages, Exposition de tableaux et d'objets d'art anciens : ouverte, à l'occasion du 3e centenaire de Pierre-Paul Rubens sous le patronage de la Ville d'Anvers dans les Salons d'exposition..., Anvers, 1877 et L’œuvre de P.P. Rubens. Catalogue de l'Exposition organisée sous les auspices de l'Administration communale d'Anvers par l'Académie d'Archéologie de Belgique. Gravures, photographies, dessins, documents, etc., Anvers, 1877. Mais aller en Allemagne, n’est-ce pas, au Nord, au Nord ! ! Avec vous cela serait charmant. Si vous voulez me donner quelque chose, vous me ferez grand plaisir. Je voudrais que vous puissiez voir votre tableauScholderer, Hof eines Bauernhauses in Kronberg, B.21 que Fantin rendra à Scholderer avant sa mort en 1901. dans ma salle à manger, il est très bien éclairé et fait si bien. Je vous ai toujours dit, c’est un tableau que vous devriez avoir à vous, mais enfin il me fait grand plaisir à chaque instant en attendant d’en avoir un autre. Voulez-vous me garder quelque chose pour prendre bientôt.

J’espère, ainsi que madame Fantin, que Madame va bien toujours et nous lui disons tous les deux bien des choses ainsi qu’à vous. Écrivez-moi. Fantin