Perspectivia
Lettre1899_02
Date1899-05-16
Lieu de création7. St. Paul's Studios, West Kensington
AuteurScholderer, Otto
DestinataireFantin-Latour, Henri
Personnes mentionnéesDubourg, Victoria
Scholderer, Viktor
Thoma, Hans
Edwards, Ruth
Scholderer, Luise Philippine Conradine
Lieux mentionnésLondres, Royal Academy of Arts
Paris, Exposition centennale de l’art français
Paris, Exposition Universelle, 1900
Karlsruhe, Kunsthalle
Œuvres mentionnées

7. St. Paul’s Studios

West Kensington

London

16 May [18]99

Mon cher Fantin,

Je vous écris un mot pour vous dire qu’il y a quelques jours que je suis retourné à Londres, avec beaucoup de regrets qu’il ne me fut pas possible de prendre mon chemin par Paris pour vous voir, donc privé du plus grand plaisir que je comptais me faire après mon séjour à Francfort, mais j’y étais tombé malade une quinzaine avant mon départ et je souffre en ce moment d’une neuralgie dans les deux bras qui m’empêche complètement de travailler, même d’écrire comme vous le voyez. C’est un grand chagrin de n’avoir pas vu vous et Madame. Jusqu’au dernier jour j’avais pensé que cela pourrait se faire, mais j’ai dû y renoncer, et maintenant je me console avec l’espoir d’aller vous voir en retournant en Allemagne, peut-être au mois d’octobre ou novembre.

J’ai peint un nombre de portraits à Francfort, peut-être que cela a été trop pour moi, mais j’ai gagné un peu d’argent et ici je n’ai plus de chance, je ne suis plus à la mode et je n’ai envoyé rien à l’Académie. Victor va aller à Oxford à la fin de l’année et nous projetons retourner en Allemagne pour y finir nos jours. J’ai eu beaucoup de succès à Francfort avec ma peinture et quoique cela ne veut pas dire grand-chose, car c’est une ville de de peu d’importance en matière d’art, cela m’a fait du bien. Je regrette cependant que Thoma va vivre à Karlsruhe où le gra[nd] Duc l’a nommé Directeur de la Galerie,En 1899, Thoma est nommé directeur de la Grossherzogliche Kunsthalle de Karlsruhe. un poste d’honneur qu’il n’a pu refuser, mais il y reste un petit nombre d’artistes à Francfort qui ne sont pas san[s] intérêt pour moi et qui ont du talent. Les Francfortois cependant ont peu de sentiments pour l’art et sont comme autrefois très arrangeants, cependant ils disent du bien de moi et je dois en être content. Je crois que nous pouvons nous fier à Victor et nous espérons qu’il fera son chemin sans nous, mais ce sera cher pour nous de nous séparer de lui. Il a obtenu encore un prix de littérature anglaise et un dans celle de langue française qui l’intéresse beaucoup.

Je compte bien aller voir votre grande Exposition à Paris l’année prochaine,Exposition universelle de 1900 à l’occasion de laquelle est organisée l’Exposition centennale de l’art français 1800-1900. Thoma compte que j’aille avec lui.

Je n’ai pas encore vu Mme Edwards, j’espère qu’elle me donne des nouvelles de vous et de ce que vous faites.

Nous espérons que cette lettre vous trouve en bonne santé, vous et madame. Vous me feriez grand plaisir d’écrire un petit mot.

Bien des choses à vous et à Madame de nous tous.

Votre ami

Otto Scholderer