Perspectivia
Lettre1870_04
Date1870
Lieu de créationGais (Canton Appenzell), Suisse
AuteurScholderer, Otto
DestinataireFantin-Latour, Henri
Personnes mentionnéesGraan, Jan de
Steinhardt, Karl-Friedrich
Artz, Constant
Manet, Edouard
Bazille, Frédéric
Maître, Edmond
Fantin-Latour, Jean-Théodore
Lieux mentionnésParis
Gais (Canton Appenzell Rhodes-Extérieures)
Paris, Salon
Œuvres mentionnées

Gais, Canton d’Appenzell, SuisseScholderer fait une cure en Suisse depuis début août 1870 avec un musicien hollandais, Jan de Graan (voir lettres 1870_02 et 1870_03).

[fin août/septembre 1870]

Mon cher Fantin,

Je viens de recevoir votre lettre et je suis bien heureux d’avoir de vos nouvelles et savoir que vous allez bien. Oui, cette malheureuse guerre, je suis un des peu qui aient de la sympathie avec les Français ici, mais j’espère que la guerre soit bientôt finie. Moi je n’ai rien à craindre même si j’étais en Allemagne. J’espère que tout sera bientôt fini. Quel malheur pour Paris, si la ville serait assiégée, mais je suis sûr que cela se terminera plus tôt. Enfin vous n’êtes pas encore soldat, je peux me mettre à votre place et sentir avec vous, quant à cela nos idées sont les mêmes.

Je travaille peu, nous ne sommes pas encore partis parce que le froid avait fait mal à de Graan. Je n’ai pas de nouvelles de Steinhardt, ni de Artz qui seront partis maintenant.

Quand est-ce que nous nous reverrons à Paris ! Enfin espérons le mieux. Avez-vous vu BazilleFrédéric Bazille (1841-1870), peintre français. Au début des années 1860, Bazille rencontre Fantin et Manet par l’intermédiaire de son oncle, le commandant Lejosne, dont les deux amis fréquentent le salon. Bazille devient ensuite un client assidu du café Guerbois où se retrouve le cénacle de Manet autour des années 1867-1869. A la même époque, il emménage dans un atelier, 8 rue des Beaux-Arts, dans le même immeuble que Fantin. Ils travaillent ainsi tous deux près de chez Maître, rue Visconti, chez lequel ils se retrouvent souvent pour des soirées musicales. Maître et Bazille jouent du piano à quatre mains et Fantin est un auditeur attentif. Bazille figure dans Un atelier aux Batignolles, F.409. Engagé volontaire dans les zouaves, il tombe le 28 novembre 1870 devant Beaune-la-Rolande. à Paris, probablement il y est allé. Je vois Manet d’ici, comme il doit rager. Je n’écris plus rien, ces lignes ne doivent être qu’un signe et pour vous dire que je pense à vous et que je sens avec vous. Ayez courage, je sens que tout ira bien. Saluez bien votre père de ma part de même que Maitre,Edmond Maître (1840-1898), érudit, mélomane et amateur de peinture. Scholderer, lors de son séjour parisien de 1868/69, fréquente avec Fantin le café Guerbois où se réunissent autour de Manet, Maître et Bazille qui étaient très proches, ainsi que Zola, Monet et Renoir. Fantin connaît Maître depuis 1865 (ils se seraient rencontrés au café de Bade) et ils partagent la même passion pour la musique de Berlioz et de Wagner. Il figure sur les tableaux de Fantin Un atelier aux Batignolles, F.409 et Autour du piano, F.1194. Bazille, Manet. Adieu. Votre ami

O. Scholderer