Perspectivia
Lettre1880_19
Date1880-12-31
Lieu de créationPutney
AuteurScholderer, Otto
DestinataireFantin-Latour, Henri
Personnes mentionnéesScholderer, Viktor
Whistler, James Abbott MacNeill
Edwards, Ruth
Cazin, Jean Charles
Callimaki-Catargi, Eva
Keene, Charles Samuel
Dubourg, Victoria
Esch, Mlle
Lieux mentionnésLondres, Royal Academy of Arts
Paris, Salon
Œuvres mentionnéesF Portrait d'Eva Callimaki Catargi
S Preparing for a Fancy Ball (Préparatifs pour le bal costumé)
S Franceska

Putney

31 déc. [18]80

Mon cher Fantin,

Je viens de recevoir votre bonne lettre, et nous vous remercions (tous les trois) pour vos souhaits pour la nouvelle année, et nous vous souhaitons aussi surtout que vous soyez tous les deux en bonne santé, tout le reste n’est pas si important et va venir de soi-même quand on travaille.

Il est bien triste que je ne puisse pas aller vous voir, mais ce n’est pas possible en ce moment.

Nous aussi, nous pensons avec effroi à notre déménagement pour lequel déjà les préoccupations sont désagréables, nous ne trouvons pas de maisons qui nous convient, il y en a bien mais qui sont trop chères, le double de ce que nous payons maintenant, ce qui me semble bien trop cher, quoique je dois compter de dépenser plus pour avoir un meilleur atelier, le mien est trop petit et la lumière bien mauvaise et qui m’a fait perdre déjà bien du temps.

Le portrait de notre Victor n’a pas avancé, il est si difficile, mais il devient plus joli maintenant, son corps surtout, il me semble en bonne santé quoiqu’un peu nerveux, nous avons de la peine à le faire dormir, mais je crois que c’est la suite de la saison, en été ce sera tout plus facile quand il peut prendre de l’air ; cependant on le promène quelquefois, nous avions de belles journées dans le dernier temps et il ne fait pas froid.

Je n’ai pas vu les Eaux-fortes de Whistler,Whistler exécute une quarantaine d’eaux-fortes à Venise pendant son séjour d’un an en 1879-1880. En novembre 1880 il regagne Londres et expose douze de ces eaux-fortes sous le titre : La suite vénitienne, K.183-237. Mme Edwards trouve qu’elles sont bien faibles et prétentieuses, mais qu’il y avait des admirateurs qui en sont devenus fous.

Ce que vous écrivez de Cazin m’amuse beaucoup, je l’ai bien pensé, je suis sûr qu’il n’est pas à son aise maintenant, c’est bien agréable de pouvoir rendre dans un seul tableau tout ce qu’on sait et mettre tout son talent, mais qu’est-ce qui reste pour le second, celui-ci sera bien difficile.

Je suis bien curieux ce que les artistes vont faire pour le Salon prochain, mais si on limitera le nombre de tableaux exposés ce sera un avantage, il me semble, mais comment faire ? !

J’ai manqué d’avoir une commission pour deux tableaux, un Monsieur voulait avoir un semblant au grand de l’Académie dernière que j’ai vendu à Manchester,Scholderer, Preparing for a Fancy Ball, B.188. et un autre comme la fille avec le panier de fruitsScholderer, Franceska, B.184. que j’y avais exposé, mais en m’offrant un prix trop bas il voulait que je devais exposer tous les deux à l’Académie prochaine, que je ne pouvais pas promettre puisqu’il n’y a pas assez de temps de les faire, mais après tout, je ne suis pas trop fâché de pouvoir faire ce que je veux, puisqu’en ce moment j’attends mon argent des ventes de Manchester.

N’allez-vous pas exécuter une de vos lithographies pour le Salon, il y en a de si belles, quelque chose en grandeur naturelle, ce sera bien beau. Je suis bien content que le portr. de Mad. CalimakiFantin-Latour, Portrait d’Eva Callimaki Catargi, F.1016. fait des progrès et je ne doute pas que ce sera aussi beau que l’autre.Portraits ou la leçon de dessin dans l’atelier, F.920, autre tableau dans lequel figure également Eva Callimaki-Catargi.

Mme Edwards me dit qu’elle vient d’envoyer des dessins de Ch. Keen à Paris pour une exposition, j’espère qu’ils auront du succès, vous les verrez sans doute.

Quand j’aurai un peu d’argent, je vous prierai de m’envoyer une collection de plâtres de Paris, il y a longtemps que j’en désire, je n’en ai pas du tout et ils sont si utiles, il me semble quand je dépense 5 livres je pourrai avoir quelque chose de bien, vous avez des petits corps de femmes qui sont si beaux, aussi je voudrais avoir quelques têtes, je vous en laisserai entièrement le choix, vous jugerez mieux que moi ce qui me sera utile, mais je crois que ce sera prudent de les faire venir après mon déménagement.

J’espère que ma lettre vous trouvera en bonne santé ainsi que Madame. Ma femme me semble un peu plus forte les derniers jours mais elle est encore loin de se porter bien.

Adieu, nos meilleurs compliments, aussi à Mlle Esch.

Votre ami

Otto Scholderer.