Perspectivia
Lettre1881_01
Date1880-01-31
Lieu de créationParis
AuteurFantin-Latour, Henri
DestinataireScholderer, Otto
Personnes mentionnéesEdwards, Ruth
Scholderer, Viktor
Scholderer, Luise Philippine Conradine
Duranty, Louis
Degas, Edgar
Thoma, Hans
Gebhardt, Edward Karl Franz
Menzel, Adolph Friedrich Erdmann von
Esch, Mlle
Duranty, Madame
Lieux mentionnésParis, Salon
Œuvres mentionnées

[Paris]

Lundi 31 janvier 81

Mon cher Scholderer,

Nous voudrions bien savoir de vos nouvelles. On fait les récits les plus affreux des temps derniers, comment tous les trois avez-vous supporté cela ; pour votre fils et madame cela a dû être affreux ! Madame Edwards ne sait rien de vous, elle ne nous dit rien. Mais nous avons reçu d’elle des Daily News remplis de détails sur les tempêtes de neige.En janvier 1881 le sud de l’Angleterre est affecté par d’importantes tempêtes de neige qui immobilisent le pays et font une centaine de morts. On disait que sur les hauteurs de Putney, il avait fait un froid excessif. Vous n’avez guère travaillé probablement.

Nous ici, sans avoir ce qu’il y a eu en Angleterre, cela a été bien désagréable. Il me semble même que la santé était moins bonne que l’année dernière pendant les grands froids. Des rhumes ici, ma femme et moi, et bien du malaise.

Avez-vous su que le ministère des Beaux-Arts a donné aux artistes le soin de faire le Salon, les exposants ont voté 50 peintres.Fantin a été désigné pour faire partie du comité de quatre-vingt-dix membres (dont 50 peintres) qui règle désormais les conditions de l’exposition de 1881 et prend pour nom Société des artistes français. L’administration loue le local habituel à la date habituelle, le public ne perçoit donc aucun changement. La Société des artistes français hérite ainsi d’une institution qui garde son prestige auprès du grand public, elle se perçoit rapidement comme une émanation de l’État, chargée d’assurer un service public et d’intérêt général consistant à organiser des concours pour l’enseignement et l’émulation, où les artistes français et étrangers viennent « affirmer leurs efforts ». Les espoirs que certains artistes ont placés dans ce changement institutionnel sont donc vite déçus. J’ai été nommé le 33ème avec 1008 voix.

Cela m’a fait grand plaisir d’avoir tant de voix, moi qui ne vois personne ; dans les premières réunions, j’ai cru que l’on ne ferait rien, puis on est arrivé à constituer une société pour l’organisation matérielle au capital de 200000 francs en actions de 100 francs, puis pris par les 90 membres du comité peintres, sculpteurs, architectes, graveurs. Mais où cela a été absurde, cela a été pour le règlement qui est tout ce qu’il y a de plus réactionnaire. On ne veut que 2500 tableaux, au lieu de près de 4000 l’année dernière. Dessins, aquarelles, pastels, 500 au lieu de 2000 l’année dernière. Vous voyez, c’est rendre le Salon impossible et plus d’exempts, tout le monde au jury. Les partisans de la liberté sont très rares. Nous avons été 4 sur 82 votants pour que l’on ne donne plus de ces bêtes de récompenses, de médailles etc. … Pour que ceux qui ont déjà exposé souvent et ont des récompenses, des succès soient exempts, aux premiers votes nous avons été deux, ensuite au vote final nous n’avons pas été 20 en tout.

Je suis bien content d’avoir vu une réunion comme celle-là, mais on ne m’y rattrapera plus.

Nous venons d’avoir la vente de DurantyDegas, exécuteur testamentaire de Duranty, organise une vente de sa collection qui a lieu les 26 et 27 janvier 1881. La collection de Duranty comprenait des œuvres de Mary Cassatt, Degas, Desboutin, Fantin-Latour, Forain et Pissarro. La préface du catalogue de la vente est rédigée par Émile Zola. Voir dans Vente par suite du décès de Emile Duranty, homme de lettres [de] tableaux modernes, esquisses, aquarelles, pastels, dessins, eaux-fortes, livres [...], les Vendredi 28 et Samedi 29 Janvier 1881[...], par le ministère de Me Maurice Delestre, commissaire-priseur [...], assisté de Durand-Ruel, Expert [...], [et de] Champion, libraire [...], Paris, 1881. pour sa veuve, tout s’est bien vendu. Degas a très bien organisé cela. J’ai acheté le dessin de Thoma (Le repas de la Ste Famille), très joli dessin qu’il avait fait d’après son tableau de Munich pour le journal de Duranty.« 88. Thoma (H.) – Fuite en Égypte. Dessin à la plume », « 89. Thoma (H.) – Paysage (Fuite en Égypte). Dessin à la plume », dans Vente par suite du décès de Emile Duranty, homme de lettres [de] tableaux modernes, esquisses, aquarelles, pastels, dessins, eaux-fortes, livres [...], les Vendredi 28 et Samedi 29 Janvier 1881[...], par le ministère de Me Maurice Delestre, commissaire-priseur [...], assisté de Durand-Ruel, Expert [...], [et de] Champion, libraire [...], Paris, 1881, p. 31. J’ai eu aussi un dessin de Gebhardt.« 34. Gebhardt. – Dessin à la plume d’après son son [sic] tableau « La Cène » (Exposition universelle 1878) avec autographe de Duranty » ; « 35. Gebhardt. – Dessin, avec autographe de Duranty » dans Vente par suite du décès de Emile Duranty, homme de lettres [de] tableaux modernes, esquisses, aquarelles, pastels, dessins, eaux-fortes, livres [...], les Vendredi 28 et Samedi 29 Janvier 1881[...], par le ministère de Me Maurice Delestre, commissaire-priseur [...], assisté de Durand-Ruel, Expert [...], [et de] Champion, libraire [...], Paris, 1881, p. 28. Les Menzel« 60. Menzel (A.) – Tête d’homme, pour le tableau « La Forge » (Exposition universelle 1878). Dessin à la plume reproduit dans la Gazette des Beaux-Arts » ; « 61. Menzel (A.) – Homme se lavant au-dessus d’un seau. Dessin à la mine de plomb pour le [p.30] même tableau. Un autre essai de même mouvement sur la même feuille » ; « 62. Menzel (A.). – Tête d’ouvrier éclairée en dessous, même tableau. Magnifique dessin à la mine de plomb » ; « 63. Menzel (A.). – Ouvrier assis. Dessin à la mine de plomb » ; « 64. Menzel (A.). – Croquis, même sujet. Têtes d’ouvriers. Mine de plomb » ; « Ces six dessins sont du plus grand intérêt », dans Vente par suite du décès de Emile Duranty, homme de lettres [de] tableaux modernes, esquisses, aquarelles, pastels, dessins, eaux-fortes, livres [...], les Vendredi 28 et Samedi 29 Janvier 1881[...], par le ministère de Me Maurice Delestre, commissaire-priseur [...], assisté de Durand-Ruel, Expert [...], [et de] Champion, libraire [...], Paris, 1881, p. 29. se sont vendus si chers que je n’ai pas pu les acheter.

J’ai eu des bois avec des autographes de lui,Vraisemblablement « 175. 3 gravures sur bois d’après Menzel, sujets touchant à Frédéric II, de Prusse, dont deux avec des notes en allemand de la main de Menzel. Pièces très précieuses », dans Vente par suite du décès de Emile Duranty, homme de lettres [de] tableaux modernes, esquisses, aquarelles, pastels, dessins, eaux-fortes, livres [...], les Vendredi 28 et Samedi 29 Janvier 1881[...], par le ministère de Me Maurice Delestre, commissaire-priseur [...], assisté de Durand-Ruel, Expert [...], [et de] Champion, libraire [...], Paris, 1881, p. 38. mais très chers.

Nous attendons des nouvelles de vous deux et du petit Victor. Il arrive dans la vie avec déjà des rudes jours. Je crois que c’est un des plus grands ennuis de la vie que la température. Vive le printemps éternel, bien des choses de Melle Esch et de nous deux pour vous 3. H. Fantin.